Route 61 : A moto dans l’arctique
Aussi loin que portent mes souvenirs, l’aiguille de ma boussole interne a toujours pointé vers le nord. Enfant, l’atlas ne quittait jamais ma table de chevet, et je revenais sans cesse vers ces rivages bordant le « sommet » de la terre. Avec l’âge, et jusqu’à ce jour, y figurèrent successivement les ouvrages d’explorateurs polaires : Paul-Emile Victor, Jean Malaurie et beaucoup d’autres.
Pour ces raisons, et celles plus ou moins conscientes d’une recherche intérieure, je caressais ainsi, assez jeune, le rêve de découvrir ces contrées aux paysages envoûtants et leurs habitants ; destinations encore peu fréquentées à cette époque.
Naturellement, pour mon premier voyage en dehors du cercle familial, j’ai choisi la Norvège.
Nous étions en 1972, j’avais 18 ans cet été là. Accompagné de deux amis, nous avons rejoint Narvik depuis Marseille, tour à tour en train, en autostop et en car des Postes norvégiennes avant de rentrer par la Suède.
J’ai ainsi atteint l’arctique pour la première fois et, depuis lors, je n’ai cessé d’en rêver, envouté par la pureté et les éclats de la lumière, l’air cristallin frais ou froid, une immensité désertique apaisante, et cette impression de fouler les terres des premiers jours.
Une nuit d’août 1977, dans le parc du Denali, au sud-ouest de Fairbanks en Alaska, j’ai frissonné de joie en contemplant ma première aurore boréale, l’écharpe de Dieu.
Depuis lors, j’ai accompli une partie de mes rêves, et certains à plusieurs reprises, en été ou en hiver : Alaska, Yukon, Groenland, Norvège, Suède, Finlande, Spitzberg, la base russe de Barneo sur la banquise et le Pôle Nord ; mais jamais encore la Russie.
Pour ce chaînon manquant, la Carélie en l’occurrence, je souhaite combiner cette découverte avec un autre plaisir : celui de la moto.
La route 61 n’existe sur aucune carte de la région. Je vais la tracer à mon rythme : celui des arrêts dans les paysages qui me fascinent, et dans les rencontres qui resteront gravées dans ma mémoire, au sillon 61 de mon âge.
Ce blog est destiné à mes proches, famille, amis ou connaissances ayant marqué un intérêt à suivre mon déplacement.
Il n'a pas d'autres ambitions que de leur faire partager cette aventure.
Christian
Juillet 2015